samedi 29 novembre 2008

Pourquoi s'abstenir?

Voici un texte tiré du blog du comité abstentionniste de l'UQAM. Salutations à nos camarades uqamiens.

Pourquoi s'abstenir?

Un rendez-vous raté entre nous et la classe dominante canadienne, voilà ce que furent les élections du 14 octobre dernier. Près de 40% des électeurs et électrices qui ont refusé de participer à cette mascarade. Ce taux d’abstention record ne représente pas une paresse mais un ras-le-bol. Ne pas voter est un acte politique, il est refus de cautionner un ordre des choses qui ne nous plaît pas.

Et voilà qu’une autre campagne électorale a débuté. Le parti libéral désirant une majorité de sièges, nous revoilà en élections. Les promesses pleuvent sur la santé et l’éducation, alors que PQ et PLQ ont, il n’y a pas de cela si longtemps, passé la tronçonneuse dans ces services. La menace adéquiste est loin derrière, la possibilité d’un référendum est écartée et les mêmes vieilles idées sont lancées dans l’espace public avec un enrobage différent. Rien ne mobilise, la participation sera basse et cela nous réjouit. Tout ça, sur fond de crise financière : résultat normal d’un système économique qui se fonde sur l’extorsion du travail de la majorité, sur la spéculation et l’accumulation sans fin de capitaux par une minorité.

Celle-ci qui met en évidence deux réalités. Premièrement, que la société est constituée de classes en lutte. Les travailleurs et travailleuses, les sans-emplois et en face, ce qui constitue la classe dominante : grands propriétaires d’entreprises, spéculateurs, hauts gestionnaires. Une rivalité que vient occulter l’élection d’une part, par des discours sur la grande famille-société et d’autre part, en nous plaçant sur un pied d’égalité le temps du vote. La gauche électoraliste y participe tout autant. Deuxièmement, que les partis politiques ont des liens directs avec l’élite économique et forment donc leurs représentants. Leur réaction face à la crise est sans équivoque : il faut sauver l’économie, nous serrer la ceinture pour renflouer les poches de nos voleurs. On l’a vu aux États-Unis : l’amitié des démocrates et des républicains pour sauver les entreprises, les grandes banques et les grandes corporations. Un plan de 700 milliards ! Ici, au Québec, ce sera moins impressionnant mais tout aussi claire : les partis électoralistes sont les représentants de la classe dominante.

Ce qu’ils désirent, c’est notre appui à leur État. Cette grosse machine de domination d’une classe sur une autre. Dans laquelle se greffent de hauts fonctionnaires, technocrates que nous n’élisons pas et qui pourtant, prennent des décisions cruciales. Un État qui a comme cœur un parlement où siègent des députés auxquels nous offrons notre pouvoir lors du vote. Là réside bien le jeu, leur laisser notre force. Sur un système économique basé sur l’exploitation se superpose un système politique fondé sur l’extorsion de notre pouvoir. Ce pouvoir concentré, l’État le fait intervenir contre nous à toutes les fois que la police brise nos grèves, nos luttes et par la promulgation de lois d’exception (lois anti-terroriste, loi des mesures de guerre) attaquant ces Droits le légitimant.

Les campagnes électorales se vivent donc comme un nuage occultant cette réalité. Elles n’apparaissent que comme spectacle bien orchestré. Avec la participation de firmes de sondages et de marketing, des moyens techniques massifs sont mis en branle pour nous transformer en électeur, spectateur de la joute du pouvoir. Le tout se clôture dans le vote, acte individuel par excellence dans lequel nous pensons pouvoir lâcher notre frustration mais qui n’est, en ce sens, que soupape de la vapeur de la collision sociale. Pensons à ces employés de l’État qui, en 2005, après avoir été lessivé par le gouvernement Charest, ont promis « de se venger dans les urnes ».

À ce mot d’ordre aseptiseur, nous rétorquons que notre pouvoir est dans la lutte révolutionnaire. Lutte qui se joue en dehors de l’État, face à lui, contre la classe dominante. Contre le capitalisme, contre la démocratie des riches, nous voulons la démocratie directe et le plein contrôle sur nos moyens de production. Aucune réforme ne peut y parvenir, seule notre organisation en tant que classe peut le faire. L’abstention est, en ce sens, un premier acte politique vers la pratique révolutionnaire.